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Marie-Christine Oghly : Etre femme et patron : la route est encore longue

Marie-Christine Oghly : Etre femme et patron : la route est encore longue

lundi 31 octobre 2011

La Verdunoise Marie-Christine Oghly  préside la déclinaison française de Femmes chefs d’entreprises mondiales, qui regroupe 2 000 adhérentes dans l’Hexagone et 50 000 dans le monde. Etre patron et femme... pas encore gagné!

Marie-Christine OGHLY , patronne d’Enginsoft (distribution de logiciels): « Oui, cela n’a rien d’évident, malgré des progrès notables depuis quelques années. Les femmes ont ainsi moins  besoin de faire leurs preuves vis-à-vis des banques, par exemple. Il y a dix ans, on avait  tendance à leur demander… si leurs maris étaient d’accord, si elles étaient sûres de réussir  leur projet.

Aujourd’hui, a contrario, les banques recherchent les femmes, car des études ont  montré que les entreprises qu’elles créaient avaient une meilleure pérennité dans le temps.  Idem pour les demandes de deuxième emprunt : elles ne le font que lorsque le premier est  remboursé ! On est donc loin de le légende des femmes dépensières ! En tout cas pas dans la vie professionnelle. Mais globalement la route est encore longue ! »
 
Vous êtes une femme, patronne, dans un domaine technique : votre parcours n’a pas dû être  une sinécure, non ?
 
« Non. Il y a vingt-cinq ans, j’étais salariée et on m’a fait comprendre qu’il y avait des métiers  réservés aux femmes comme la communication. Quand j’ai fait mon école d’ingénieur (l’IEN  à Nancy], on m’a fait comprendre que si j’avais l’intention de faire des enfants et d’arrêter  de travailler, il valait mieux le faire tout de suite… pour laisser la place à un homme ! Bon,  ce genre de remarque n’existe plus heureusement aujourd’hui mais, vu que mon milieu  professionnel est très technique, on me demande des choses qu’on n’exigerait pas d’un  homme. Si techniquement, je comprends les produits, par exemple. On ne demandera pas au  PDG de PSA s’il est capable de démonter une culasse ! Il a vraiment fallu que je m’impose, car  je suis la seule femme dans mon environnement habituel… »
 
Dans les grands conseils d’administration (CA) des entreprises, la situation évolue-t-elle ?
 
« Oui, à l’exemple, de la présence au CA de Renault, où siège la première femme qui fut  bâtonnière du barreau de Paris. On avoisine les 20 % de femmes dans les sociétés du CAC 40  (lire aussi par ailleurs). Bon, au niveau mondial, le nombre de femmes chefs d’entreprise est en  recul [de 24 % en 2009 à 20 % en 2011] ».
 
Vous n’étiez pas favorable à l’application de quotas de femmes dans les conseils  d’administration. Finalement, n’était-ce pas le seul moyen ?
 
« C’est vrai que je n’aime pas trop cette façon de faire, mais elle porte lentement ses fruits. Mais  je crois que les choses changent, progressent et que nous allons y arriver ! »
 
N’est-ce pas un peu de Méthode Coué que vous vous appliquez à vous-mêmes ?
 
« Il faut beaucoup de persévérance. Notre association a pour but de prendre des mandats dans  les instances représentatives et si l’on regarde les élections aux chambres de commerce, les  disparités sont encore fortes. La Lorraine n’est pas mal classée car nous avons fait par exemple  27 % en Meurthe-et-Moselle alors que la moyenne nationale s’établit à 14 %. À l’inverse, Lille  est encore à… 4 % ! »

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